Historique
L’histoire de notre commune s’étale sur 1 200 ans.
La première citation du village apparaît dans un texte datant de 843 ou sous l’appellation de « villa kanoas ».
En effet, en 843, Charles le Chauve fait donation à son fidèle Suniofred comte d’Urgell et de Cerdagne (Père de Guifred le Velu comte de Barcelone) de la pleine propriété de la « villa kanoas ». En 952 d’après une bulle du pape Agapet II, mentionne « les droits de Pêche de Salses et de Canohès » parmi les propriétés de l’abbaye de Lagrasse, Cependant Canohès et l’église de Saint Quirc relevaient encore de la famille comtale Roussillonnaise.
Puis, à une date inconnue, peut être en 967, l’évêque d’Elne
Suniaire 1er, fils du comte du Roussillon, cède Canohès et son église à l’abbaye occitane de Lagrasse (Aude). Cette donation est contestée par son frère le comte Hugo Ier d’Empuries qui retient les lieux jusqu’en 1036, date à laquelle il rend un jugement en faveur de l’abbé de Sainte Marie de Lagrasse. Il restitue l’église avec les celliers et tous les biens adjacents lui appartenant. (sources « Les cellères et la naissance des villages en Roussillon Aymat Catafau)
Le monastère devra encore affronter la prétention du Vicomte de Tatzo, Raimond Uldager, et son frère Hugues qui croient avoir des droits sur la villa de Canohès et n’y renonceront pas avant 1102.
Pour mettre fin à toutes ces querelles, en 1119 Bérenger, abbé de Lagrasse fait confirmer par le pape tout ce que l’abbaye possédait, dont Canohès.
On pense que ce sont les moines de l’abbaye de Lagrasse, (nous n’avons pas de sources écrites un incendie ayant détruit une partie des archives de l’abbaye) qui entreprirent d’assécher l’étang en contre bas du village afin de récupérer des terres agricoles et assainir le territoire permettant ainsi aux cultures et à la population de se développer.
A partir de 1239, naissance du Royaume de Majorque.
En 1319, Sanche, roi de Majorque, à la requête de l’Universitas hominum de Canoys donne le droit et les moyens à cette communauté de construire des murs, des fortifications pour leur permettre, au lieu de fuir, de se mettre à l’abri en temps de guerre.
Sources : Les cellères et la naissance des villages en Roussillon – Aymat Catafau
Les XVIème et XVIIème siècle
Depuis le XVI la guerre entre la France et l’Espagne n’a jamais cessé. Les armées ravagent les cultures et pillent les villages. En 1642, louis XIII assiège Perpignan, et c’est à ce moment que les communes du Roussillon, en dehors Perpignan qui résiste, reconnaissent le roi comte de Barcelone, de Roussillon et de Cerdagne. Canohès est victime durant cette période comme d’autres villages des hostilités catalano – castillane durant la révolte des « Ségadors » l’église est pillée, et le village à moitié incendié.
En 1659, Traité des Pyrénées, le Roussillon devient une province Française.
Durant le XVI et le XVII siècle sur le plan économique et culturel une décadence va être constatée, l’ensemble de la catalogne va végéter.
Du XVIIIème au XXème siècle
L’entrée dans le XVIII sera difficile, l’identité catalane persiste dans le village.
Canohès compte 72 habitants en 1790.
L’économie est surtout basée sur l’agriculture, c’est alors la constitution de grandes propriétés autour de leur mas Mas Chabry (1739), Mas du Moulin (propriétaire famille d’Oms puis Estrade), Mas Vezian (propriétaire Bretó 1680, Vezian 1689, Poeydavant 1769), Mas Gaffard (appelé Mas St Jean puis Mas Barrau 1807).
Au début du XIX° siècle la situation économique est précaire, notre région subit les effets de la terrible guerre que Napoléon engage contre l’Espagne. Puis c’est le retour des Bourbons, Louis XVIII est roi (1815)
La vocation viticole s’affirme, jusque-là les maladies de la vigne étaient rares mais en 1827 la pyrale fait son apparition, le botrytis (pourriture grise), l’oïdium et surtout le phylloxéra en 1870 qui provoque la ruine de nombreux vignerons.
L’élevage des vers à soie s’implante dans le village, en 1865 on compte 5 éducateurs.
1897 le village se transforme, un puits artésien est foré sur la Place une fontaine monumentale, un réseau de 212m est installé, le lavoir aménagé.
La fin du XIX° siècle et le début du XX° est assombris par les revendications sociales et le luttes politico-religieuses. Le village est profondément divisé. Il est très concerné par les grandes grèves des ouvriers agricoles de 1904 et par la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Canohès est touché de plein fouet par la crise viticole qui débute à la fin du siècle dernier et explose en 1907 dans tout le midi. Les canouhards participent activement à la « Révolte des vignerons » derrière Boniface Escudier, maire, président du Comité de défense Viticole, secrétaire du Syndicat des Travailleurs de Terre, Justin Vallarino, propriétaire du mas Ste Lucie, délégué cantonal à la Fédération Agricole, en participant aux grandes manifestations de Perpignan, Béziers, Montpellier, Carcassonne …
La gare est construite, la ligne de chemin de fer d’intérêt local de Perpignan à Thuir (20minutes), voyageurs et marchandises est inaugurée le 30 novembre 1911 et connaît un réel succès.
1914 : 1ère Guerre mondiale, 42 hommes, forces vives du village ne reviennent pas.
Canohès a vu naître, en 1901, Julien Panchot, héros de la résistance durant la seconde guerre mondiale.
Avec son frère Barthélémy, il fonde le maquis Henri Barbuse ; il est capturé, torturé et exécuté sur place par les nazis au lieu dit « La Pinouse » lors de l’attaque de Valmanya le 2 août 1944. Chaque année, le 1er août, une commémoration se déroule sur sa tombe au cimetière de Canohès
Marqué par des périodes de grande opulence et de crise profonde, le secteur agricole est aujourd’hui en fort déclin. On trouve encore sur le territoire, des vergers, des cultures de plein champ, du maraîchage sous serre, mais la vigne reste la culture dominante.
LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL
Le mausolée d’Auguste Estrade
Il s’agit d’un monument remarquable par son coté insolite. Ce tombeau est réalisé par l’architecte Danois Viggo Dorph Petersen d’après les dessins d’Auguste Estrade. De son vivant Auguste Estrade avait réuni les matériaux nécessaires à l’édification d’une tombe sur son domaine, le mas du Moulin. Après sa mort l’Institut de France auquel il a légué sa fortune achète, selon les vœux de son généreux donateur, un terrain dans le nouveau cimetière et confie la construction du mausolée à l’entreprise Sarda de Perpignan sous le contrôle de Viggo Dorph Petersen.
La commune reçoit un don de 2 000f, à charge pour elle de s’engager à veiller à perpétuité au bon entretien de la tombe.
Réalisé en céramique romaine, ce monument funéraire est inspiré du Monument chorégique de Lysicrate élevé à Athènes, près de l’Acropole, par le chorège Lysicrate en -335/-334, (pour commémorer un premier prix qu’il a remporté cette année-là au théâtre de Dionysos avec un chœur d’hommes). Tout comme celui de Lysicrate, ce mausolée se présente sous la forme d’un Monument cylindrique d’une dizaine de mètres de hauteur, aux allures de petit temple corinthien pseudo-monoptère.
Il est achevé en 1896.
L’église
Construite au XIe siècle sur un promontoire, l’église Saint-Cyr et Sainte-Julitte (Sant-Quirc – Santa-Julite) est inscrite au titre des Monuments Historiques. Situé au cœur du village, cet édifice roman à nef unique se terminant par une abside semi-circulaire outrepassé et présentant un décor intérieur de cinq arcades sur colonnes engagées et chapiteaux sculptés, a connu plusieurs transformations. La nef primitivement couverte en charpente apparente est remplacée au XIIe siècle par une voute de pierre.
Elle est dédiée à deux martyrs, Saint Cyr et sa mère Sainte Julitte. Les premières citations de l’édifice datent de 929. Au XIe siècle elle devient possession de l’Abbaye Saint-Marie de Lagrasse dans l’Aude.
L’abside serait construite sur les vestiges d’une construction romaine.. La population augmentant l’église devient très vite trop exiguë pour le culte, ce qui entraine à la fin du XIXe la construction de collatéraux,
Le bas coté nord est ajouté en 1876, et deux ans plus tard on décide l’agrandissement de l’église du coté sud entrainant ainsi l’effondrement du voûtement du XIIe siècle.
L’abside, comporte un plan légèrement outrepassé, elle présente le long de son hémicycle, sept grands arcs prenant appui sur les colonnes engagées, couronnées de chapiteaux à décor sculpté ornés de formes géométriques. Un banc en maçonnerie occupe tout l’espace semi-circulaire de l’abside, lequel s’élève progressivement de la gauche vers la droite.
Après plusieurs campagnes de travaux, c’est en juin 1972 qu’a lieu l’inauguration de l’église restaurée telle qu’elle se présente aujourd’hui. Elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques cette même année.
(Sources :Mallet, Géraldine, Les églises Romanes oubliées du Roussillon, Les presses du Languedoc, Barcelone, 2003, 334p.)
L’arche : connue depuis toujours sous le nom de « porche » par les anciens (rue du Porche)
Il semblerait que, contrairement à ce que l’on dit parfois, Le « Porche » qui a donné son nom à la rue débouchant sur la Place de la République, cet arc en cairons, pourrait ne pas être une porte dans l’ancien mur d’enceinte de Canohès.
De celui-ci, nous n’avons nul vestige et les textes « En 1693, le village ne comprend que 29 feux, une trentaine de maisons à l’abri de la muraille percée d’une porte » ne disent rien sur sa situation.
Si l’on consulte le plan cadastral napoléonien du début du XIXe siècle, on s’aperçoit que « le Porche » n’y figure pas. Si l’on se place face à l’église, on constate que la maison située à droite (aujourd’hui maison Escarra) est représentée alors que sur la gauche ne figure qu’une parcelle de terre.
En l’état actuel des choses on ne peut donc rien affirmer.
(Sources : Plan cadastral napoléonien – « Canohès mon village roussillonnais » » Francis Noell – « Canohès dans la mémoire Chronique I « Simonne Escudier).
La fontaine
Fontaine en fonte datant de 1896, elle possède 4 jets ornés de têtes sculptées en bronze. On dit que cette eau aurait quelques vertus….
En 1896 la municipalité de Jean Gony décide la création d’un projet fontinal et en 1897, il a donc fallu attendre 4 ans depuis que l’idée a été lancée M. Roca, puisatier à Salses creuse un puits artésien d’une profondeur de 90 mètres, sur la Place Publique, puits duquel jaillit une eau claire et abondante.
Retenons que ce sera la seule eau potable publique jusqu’en 1958.
Aristide Portier, constructeur mécanicien à Béziers s’engage à capter cette eau pour la distribuer sur plusieurs points du village.
C’est ainsi que l’on installe sur la place, au droit du forage, une fontaine monumentale en fonte à 4 jets continus en « becs de corbins », surmontée d’un cône s’inspirant semble-t-il d’une « pigne » de pin surmontée d’une flamme. La fontaine est placée au milieu d’un bassin de forme arrondie, à chaux hydraulique recouvert d’un enduit en ciment.
Un réseau de canalisations de 212 mètres de long est mis en place, amenant l’eau à une borne fontaine au coin de la mairie, alimentant l’abreuvoir qui se trouvait sur l’emplacement actuel de la fontaine, et très important, le lavoir communal. En mars 1935 une autre borne fontaine est ajoutée à côté de l’ancien bureau de Poste (rue de la Poste actuelle).
Dès son installation cette fontaine devient et pour de nombreuses années, on pourrait presque dire « un lieu sacré », avec elle c’est l’espoir d’une meilleure santé, c’est la vie qui jaillit ; elle est un lieu de rencontre, c’est ici que se lient les amitiés, que se propagent les nouvelle, que naissent les amours car elle sert souvent d’alibi aux jeunes gens qui désirent se rencontrer sous prétexte d’aller puiser l’eau indispensable à la maisonnée.
Un ormeau dispense son ombre rafraichissante au dessus d’elle jusqu’au 13 février 1930 date à laquelle cet arbre centenaire est remplacé, son tronc étant devenu creux, par un platane âgé de 6 ans, celui que l’on peut encore voir aujourd’hui
Tout au long des année il lui est arrivé quelques petites mésaventures, en effet sur l’indépendant du 27 août 1907 on peut lire « Acte ignoble de malveillance : dans la nuit de dimanche à lundi des jeunes gens en goguette ont cru spirituel de faire des ordures sur les jets d’eau de la fontaine. Cet acte est indigne de notre civilisation ».
Mais, en janvier 1910 un éboulement se produit dans le forage, le village est privé d’eau potable, c’est la consternation. Heureusement une source jaillit aussi dans la propriété de M. Vallarino, près des maisons de ses ouvriers (rue de la fontaine actuelle).
Le Journal L’Indépendant du 25 janvier 1910 nous dit : « Au bout d’une huitaine de jours les travaux entrepris doivent être arrêtés. Puis ils reprennent. Une sorte de terre grasse se trouve au fond de la source empêchant l’eau de monter. A l’aide d’une machine à vapeur on va essayer de dégager le tuyau. Si l’opération échoue il faudra chercher une autre source ».
C’est l’angoisse, les travaux continuent et il faudra attendre le mois de mai où l’on construit une cuvette d’étanchéité de 8 mètres pour pouvoir, après cinq mois d’incertitude bénéficier à nouveau de son eau.
En Août 1913, sur un petit terrain acheté à Boniface Labile (rue du 8 mai) dans le quartier nord, un puits est creusé pour alimenter une fontaine et un abreuvoir, mais l’eau n’est pas potable.
En juillet 1926, forage d’un puits à l’école de Filles (Groupe scolaire). M. Antoine Roca puisatier à Salses pense trouver l’eau à 20 mètres mais il lui faudra atteindre une profondeur de 38 mètres.
En 1958, creusement d’un forage place des écoles et construction du château d’eau. (Municipalité de M. Louis Doutres)
C’est un énorme progrès, l’eau potable, le confort, le bien-être pénètrent dans les foyer et paradoxalement l’eau de fontaine s’en trouve sublimée, un mythe naît… il n’existe nulle part de meilleure eau, elle est à la bonne température, avec elle le pastis et le café sont meilleurs, les haricots cuisent mieux, vous avez des petits ennuis digestifs, buvez l’eau de la fontaine, etc… etc… Un malade dans la maison, on va lui chercher une carafe d’eau à la fontaine, elle est bonne … Bref, elle est presque capable de faire des miracles ! Tout le monde a en elle une confiance absolue.
Quelles en sont les raisons ? allez savoir ?… elle sort directement de terre, elle ne subit pas de manipulations, elle ne court pas dans les tuyaux, enfin en un mot, elle est pure et naturelle.
Elle alimente le lavoir, elle lui apporte une eau de bonne qualité, fraiche en été, tiède en hiver, faisant le bonheur des lavandières dont beaucoup, malgré la machine à laver le linge continuent de le fréquenter.
En mars 1971 la municipalité, suite au nouveau plan d’urbanisme, décide l’achat d’une maison appartenant à Mme Vincent (auparavant à François Molins dit Coudène), d’une superficie de 40 m2, sise devant le café de « Margot » le café de l’Union et contre laquelle s’appuie l’abreuvoir communal, avec l’intention de la démolir car elle est à l’intersection du CD 39 et d’une voie communale.
Une nouvelle place voit donc le jour.
La population de Canohès a augmenté, elle a doublé en 19 ans, le forage de la Place des Ecoles est donc de plus en plus sollicité, des forages et puits particuliers ont été creusés, aussi le débit de notre fontaine monumentale n’est plus ce qu’il était, parfois l’eau jaillit avec parcimonie, ce qui est aussi très ennuyeux pour le remplissage du lavoir.
Afin d’enjoliver la nouvelle Place la Municipalité de Ferdinand Pouquet dans sa séance du 23 mai 1972, décide de déplacer le fontaine sur cette placette, au pied du platane, pensant qu’étant installée un peu plus en contrebas le débit de l’eau serait plus régulier.
Pendant quelque temps, c’est bien le cas, mais en 1976, le débit étant à nouveau très irrégulier, le forage doit être équipé d’une pompe immergée qui en régulera le débit et permettra l’écoulement normal du bassin vers le lavoir (qui est encore très fréquenté) par la canalisation existante.
Art. Mme Simone Escudier
Le Lavoir
Le lavoir est un élément important du patrimoine canouhard c’est un lieu de sociabilité important et encore fonctionnel de nos jours. Il est représentatif de l’identité de notre territoire et de notre mémoire locale. Construit en 1894 par l’architecte M. Fournols sur Le « Correch dels Roumanis », il se composait à l’origine d’un bassin en ciment placé au niveau du sol. Ensuite une toiture sera adjointe ainsi qu’un mur de protection. Bien qu’il soit encore fonctionnel aujourd’hui, il est le témoin d’un temps révolu.
La Prade
La Prade dont le nom signifie la prairie s’étend sur un domaine de 35 hectares environ
A l’est et en contrebas du village, cuvette naturelle, dépression salée, ancien étang très poissonneux, dont l’assèchement à l’aide d’un émissaire souterrain « Les Cobes », sans doute par les moines de Lagrasse (nous manquons d’archives de cette période), a permis la mise en culture de nouvelles terres ainsi que l’assainissement du territoire. Après une agriculture vivrière, il permet entre autre la culture industrielle du Pastel, plante tinctoriale, au moment où l’industrie drapière de Perpignan est à son apogée.
Actuellement, la Prade est délimité par des haies discontinues. Le paysage champêtre et les prairies humides ponctuées d’arbres isolés, contrastent avec les milieux environnants agricoles La diversité des biotopes permet d’accueillir une avifaune très riche. Onze espèces d’oiseaux nicheurs d’intérêt patrimonial y ont été répertoriées par les spécialistes, comme le héron garde bœuf, la caille des blés, la chouette chevêche, etc… Située pratiquement au centre de la commune, la Prade reste une vaste zone naturelle qui sépare l’urbanisation des zones agricoles.
sources : Arch. Lagrasse – « Patrimoine Histoire de Canohes » article Simonne Escudier
Le tunnel « de les Coves » (prononcer « las Cobes ») :
Il n’existe aucun texte connu permettant de dater le tunnel de « les Coves », Il semblerait que ce soit l’œuvre des moines de Lagrasse. C’est un émissaire souterrain d’environ 800 mètres de long, 1m,50 de large et deux mètres de haut, qui existe toujours et a permis l’assèchement de l’étang. Il permet d’évacuer les eaux naturelles de la Prade, il collecte les eaux de pluie qui viennent au plus loin du Plat de Terrats, amenées par des « agulles ».
Il commence au pied du Mas de Les Coves, creusé sous le plateau il se situe par endroits à 15 mètres de profondeur et se termine entre le Mas de Boquet (de Mestres) et le Moulin de Serre (Vieux Moulin Passama) tous deux disparus. Ses eaux après être passées sous « Les Canals » alimentent le ruisseau de Mailloles.
Les deux tiers du tunnel sont habillés de « Cairó », cette voûte en berceau a sans doute été construite pour consolider l’ouvrage au fur et à mesure des besoins. On rencontre tantôt une voûte plein cintre tantôt une voûte en ogive. L’eau a façonné les parties restées à l’état brut, et l’on remarque par endroits des concrétions calcaires qui rappellent des draperies ainsi que quelques petites stalactites.
Son cours est jalonné de puits de section carrée, dont plusieurs ont été comblés au fil du temps, ils ont sans doute servi au rejet des déblais vers l’extérieur lors de la construction et de bouches d’aération. Ils ont fait ensuite office de regard de visite.
Au dessus de la voûte, à certains endroits, des « chambres » s’offrent au regard : chambres de repos, resserres pour les vivres, renforts de la voûte ? on se perd en conjonctures.
SOURCES : Enquête Simonne Escudier (R. Maso).
Le Ruisseau de « Les Canals » le ruisseau Royal de Perpignan
Le territoire de Canohès est traversé au nord par un canal, remarquable ouvrage d’art, dont l’origine remonte au XIIIe siècle, il semblerait même qu’un canal existe dès 1123 (d’après Gazanyola dans son Histoire du Roussillon). Son cours a subi depuis diverses modifications. Aujourd’hui il permet l’irrigation de toute la rive de la Têt d’ Ille-sur-Têt à Perpignan.
Au début était le « Rech Royal de Thuir » long de 35 km.
A la fin du XIIIe siècle les Rois de Majorque décident de dériver le cours de la têt, en amont de Vinça, afin d’arroser les jardins du Palais à Perpignan et faire tourner les moulins de la pleine du Riberal. De nombreux ouvrages d’art nécessaires pour franchir plusieurs obstacles le fragilisent. En 1403 puis en 1416, les inondations mettent à mal le canal et le pouvoir royal décide de délaisser ce tracé et d’en creuser un nouveau.
En 1423, la Reine Marie régente du royaume d’Aragon fait entreprendre la construction du « Rech Royal de la Vila de Perpinya » ou « Les Canals » avec prise d’eau (la resclosa) en aval d’Ille sur Têt.
Il passe plus au nord que le précédent, ignore Thuir et n’emprunte l’ancien lit du Rech de Thuir qu’en aval de cette ville, à une centaine de mètres après le franchissement de la Basse, pour rejoindre Perpignan. La mise en eau a lieu deux ans après, en 1425 le jour de la Sant Jordi.
Il traverse les territoires d’ Ille, Millas, St Feliu d’Amont et d’Avall, Thuir, Canohès, dont il alimente le Moulin, puis Perpignan où il distribue l’eau à la ville d’une part et à la garnison de l’autre. Il arrose tout au long de son parcours les terres de nombreux mas dont il assure la prospérité. Regroupant de nombreux usages, soumis à des juridictions successives, l’histoire de sa gestion est marquée par des périodes de troubles, abus et conflits où parfois se greffe une période d’accalmie. Le canal de Perpignan est le seul canal du département à être propriété privée d’une collectivité publique (par ordonnance royale de 1510).
Aujourd’hui, « Les Canals » à l’histoire mouvementée, pleine de conflits et de procès, coule tranquillement entre une double rangée d’arbres séculaires.
Son utilité première s’est restreinte mais depuis 1978 il contribue à alimenter la retenue de Villeneuve de la Raho. Puis, deux dérivations ont été aménagées, l’une vers le ruisseau de Les Colobres, l’autre vers le ruisseau de la Cave qui alimente la retenue du parc Sant Vicens et vers les Jardins Saint-Jacques le Canal des jardiniers à Perpignan.
C’est également un paisible et agréable lieu de promenade pour les canouhards.
Sources : (LES CANALS – Edition Trabucaire Canet.
Le canal de Perpignan : à la recherche d’un territoire pertinent de gestion et d’une nouvelle vocation Anne DUBOIS)