FONTAINE

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Fontaine en fonte datant de 1896, elle possède 4 jets ornés de têtes sculptées en bronze. On dit que cette eau aurait quelques vertus….

En 1896 la municipalité de Jean Gony décide la création d’un projet fontinal et en 1897, il a donc fallu attendre 4 ans depuis que l’idée a été lancée M. Roca, puisatier à Salses creuse un puits artésien d’une profondeur de 90 mètres, sur la Place Publique, puits duquel jaillit une eau claire et abondante.

Retenons que ce sera la seule eau potable publique jusqu’en 1958.

Aristide Portier, constructeur mécanicien à Béziers s’engage à capter cette eau pour la distribuer sur plusieurs points du village.
C’est ainsi que l’on installe sur la place, au droit du forage, une fontaine monumentale en fonte à 4 jets continus en « becs de corbins », surmontée d’un cône s’inspirant semble-t-il d’une « pigne » de pin surmontée d’une flamme. La fontaine est placée au milieu d’un bassin de forme arrondie, à chaux hydraulique recouvert d’un enduit en ciment.
Un réseau de canalisations de 212 mètres de long est mis en place, amenant l’eau à une borne fontaine au coin de la mairie, alimentant l’abreuvoir qui se trouvait sur l’emplacement actuel de la fontaine, et très important, le lavoir communal. En mars 1935 une autre borne fontaine est ajoutée à côté de l’ancien bureau de Poste (rue de la Poste actuelle).

Dès son installation cette fontaine devient et pour de nombreuses années, on pourrait presque dire « un lieu sacré », avec elle c’est l’espoir d’une meilleure santé, c’est la vie qui jaillit ; elle est un lieu de rencontre, c’est ici que se lient les amitiés, que se propagent les nouvelle, que naissent les amours car elle sert souvent d’alibi aux jeunes gens qui désirent se rencontrer sous prétexte d’aller puiser l’eau indispensable à la maisonnée.

Un ormeau dispense son ombre rafraichissante au dessus d’elle jusqu’au 13 février 1930 date à laquelle cet arbre centenaire est remplacé, son tronc étant devenu creux, par un platane âgé de 6 ans, celui que l’on peut encore voir aujourd’hui

Tout au long des année il lui est arrivé quelques petites mésaventures, en effet sur l’indépendant du 27 août 1907 on peut lire « Acte ignoble de malveillance : dans la nuit de dimanche à lundi des jeunes gens en goguette ont cru spirituel de faire des ordures sur les jets d’eau de la fontaine. Cet acte est indigne de notre civilisation ».
Mais, en janvier 1910 un éboulement se produit dans le forage, le village est privé d’eau potable, c’est la consternation. Heureusement une source jaillit aussi dans la propriété de M. Vallarino, près des maisons de ses ouvriers (rue de la fontaine actuelle).

Le Journal L’Indépendant du 25 janvier 1910 nous dit : « Au bout d’une huitaine de jours les travaux entrepris doivent être arrêtés. Puis ils reprennent. Une sorte de terre grasse se trouve au fond de la source empêchant l’eau de monter. A l’aide d’une machine à vapeur on va essayer de dégager le tuyau. Si l’opération échoue il faudra chercher une autre source ».

C’est l’angoisse, les travaux continuent et il faudra attendre le mois de mai où l’on construit une cuvette d’étanchéité de 8 mètres pour pouvoir, après cinq mois d’incertitude bénéficier à nouveau de son eau.

En Août 1913, sur un petit terrain acheté à Boniface Labile (rue du 8 mai) dans le quartier nord, un puits est creusé pour alimenter une fontaine et un abreuvoir, mais l’eau n’est pas potable.
En juillet 1926, forage d’un puits à l’école de Filles (Groupe scolaire). M. Antoine Roca puisatier à Salses pense trouver l’eau à 20 mètres mais il lui faudra atteindre une profondeur de 38 mètres.
En 1958, creusement d’un forage place des écoles et construction du château d’eau. (Municipalité de M. Louis Doutres)
C’est un énorme progrès, l’eau potable, le confort, le bien-être pénètrent dans les foyer et paradoxalement l’eau de fontaine s’en trouve sublimée, un mythe naît… il n’existe nulle part de meilleure eau, elle est à la bonne température, avec elle le pastis et le café sont meilleurs, les haricots cuisent mieux, vous avez des petits ennuis digestifs, buvez l’eau de la fontaine, etc… etc… Un malade dans la maison, on va lui chercher une carafe d’eau à la fontaine, elle est bonne … Bref, elle est presque capable de faire des miracles ! Tout le monde a en elle une confiance absolue.
Quelles en sont les raisons ? allez savoir ?… elle sort directement de terre, elle ne subit pas de manipulations, elle ne court pas dans les tuyaux, enfin en un mot, elle est pure et naturelle.
Elle alimente le lavoir, elle lui apporte une eau de bonne qualité, fraiche en été, tiède en hiver, faisant le bonheur des lavandières dont beaucoup, malgré la machine à laver le linge continuent de le fréquenter.

En mars 1971 la municipalité, suite au nouveau plan d’urbanisme, décide l’achat d’une maison appartenant à Mme Vincent (auparavant à François Molins dit Coudène), d’une superficie de 40 m2, sise devant le café de « Margot » le café de l’Union et contre laquelle s’appuie l’abreuvoir communal, avec l’intention de la démolir car elle est à l’intersection du CD 39 et d’une voie communale.

Une nouvelle place voit donc le jour.

La population de Canohès a augmenté, elle a doublé en 19 ans, le forage de la Place des Ecoles est donc de plus en plus sollicité, des forages et puits particuliers ont été creusés, aussi le débit de notre fontaine monumentale n’est plus ce qu’il était, parfois l’eau jaillit avec parcimonie, ce qui est aussi très ennuyeux pour le remplissage du lavoir.
Afin d’enjoliver la nouvelle Place la Municipalité de Ferdinand Pouquet dans sa séance du 23 mai 1972, décide de déplacer le fontaine sur cette placette, au pied du platane, pensant qu’étant installée un peu plus en contrebas le débit de l’eau serait plus régulier.
Pendant quelque temps, c’est bien le cas, mais en 1976, le débit étant à nouveau très irrégulier, le forage doit être équipé d’une pompe immergée qui en régulera le débit et permettra l’écoulement normal du bassin vers le lavoir (qui est encore très fréquenté) par la canalisation existante.

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Art. Mme Simone Escudier